Archives pour la catégorie architecture

La place Saint-Georges, Paris 9ème

La place Saint-Georges, circulaire, est bordé de superbes façades séparées de la chaussée par des grilles de fonte délimitant des jardinets. Une fontaine en marque le centre, et d’élégants lampadaires en rythment le pourtour. Elle prend pour modèle une autre place parisienne créée au 17ème siècle, la Place des Victoire.

Vue de l'Hôtel Thiers et du monument à Gavarni, Place Saint-Georges, Paris 9
Monument à Gavarni et Hotel Thiers

Un coup immobilier

Vers 1830, alors que la capitale doit faire face à une explosion démographique, un architecte dénommé Constantin achète un vaste terrain vague sur lequel il aménage une place qu’il relie aux axes de circulation existants en perçant des rues. Il vend les parcelles ainsi délimitées en imposant aux acquéreurs des normes de qualité de construction strictes, donnant ainsi naissance à l’un des lotissements les plus élégants de la capitale, au cœur de la Nouvelle Athènes. Le nom de Saint-Georges lui a été inspiré par l’enseigne d’une taverne qui s’élevait à cet emplacement, représentant la lutte entre le saint et le dragon.

La Place en 1900

Le quartier suscite un engouement immédiat et se peuple d’artistes et d’intellectuels bourgeois.

L’Hôtel d’Adolphe Thiers

Au n°27 s’élève l’hôtel particulier d’Adolphe Thiers. Originaire de Marseille, avocat, il monte à Paris et connaît une rapide ascension sociale. Surnommé le Napoléon aux petits pieds, il inspire Balzac pour le personnage de Rastignac dans Le Père Goriot.  Il est au cœur de la tourmente sous la Commune, et obligé de se réfugier à Versailles avec sa famille. L’hôtel est pillé et incendié par les communards. Devenu Président de la République, il le fait reconstruire à grand frais, sur le modèle du Château de Versailles.

Caricature d'Alolphe Thiers en Napoléon Bonaparte
Le Napoléon aux petits pieds, caricature de Thiers

L’hôtel de la Païva

L’hôtel du n°28 se distingue par son exubérance et l’abondance de son décor.

Il est habité en 1850 par celle qui deviendra l’une des plus célèbres courtisanes de l’histoire. Fille d’un modeste tailleur juif polonais, elle conquiert le Tout-Paris grâce à  sa beauté et à sa détermination. Elle épouse le Marquis de Païva pour le nom, et se remarie avec un Compte prussien pour la fortune. Une telle ascension sociale attise les mauvais esprits qui déclarent « Qui y paie y va », faisant un jeu de mots sur son nom.

La Païva, célèbre courtisane.

Un cadran solaire dissimulé

Seules quelques façades datant de la création de la place ont été conservées. Les autres furent remplacées à la fin du 19ème par des immeubles de plus grand gabarit, comme les n°30 et n°32. Les traces d’un cadran solaire accompagné de la devis « Aspiciendo seresci » (en me regardant tu vieillis) sont visibles entre les deux doubles fenêtres du n°30, au 2èmeétage.

Souvenirs d’une brocante

Dans la partie inférieure du  n°32, un édifice en verre coiffé d’une toiture métallique est construit à la fin du 19ème siècle pour héberger la boutique d’un marchand de tapis, puis d’un brocanteur. Il contribua jusqu’en 2018 au charme de la Place, avant d’être transformé à des fins commerciales.

Ancienne brocante transformée en agence immobilière, Place Saint-Georges, Paris 9
Souvenir de l’ancienne brocante.

La colonne de Gavarni

Erigé en 1903 pour remplacer un abreuvoir pour les chevaux, le monument  situé au centre de la place est un hommage à Gavarni, caricaturiste célèbre pour son trait si prompt à dénoncer les injustices et les hypocrisies de son temps. Il est représenté au sommet d’une colonne, muni d’un crayon et d’un carnet. Un défilé de figures de Carnaval anime la colonne.  La base est une fontaine ornée de quatre figures en bronze de la bouche desquelles sort un filet d’eau, représentant un mendiant, une « mégère », une  lorette  et un artiste bohême.

Portrait en bronze d’artiste bohème

Entrée du métro

A peine visible car intégré aux grilles de la place, un accès au métro est signalé par une plaque rouge portant en lettre blanche le nom « Métropolitain ».  Dérivé du latin Métropolis « la ville-mère », l’appellation annonce le caractère exclusivement urbain du chemin de fer électrique.  La ligne 1 est inaugurée en 1900, dans l’urgence de l’Exposition Universelle. Souterrain, sa construction nécessite d’éventrer des rues, faisant de Paris un vaste chantier pendant plusieurs années.

Entrée de la station de métro Saint-Georges

L’architecture néo-classique à Paris

Le néo-classicisme règne sur la production artistique française à partir du milieu du 18ème siècle, et s’achève après la chute de l’Empire, vers 1820.

Les sources du néo-classicisme 

Le classicisme, dont le néo-classicisme est issu, est une doctrine esthétique largement répandue en France au 17ème siècle, prenant pour modèle l’Antiquité Grecque et Romaine. Fondé sur des règles strictes avec pour mot d’ordre la Raison qui se traduit par l’équilibre et l’harmonie, il est superbement incarné par Versailles mais aussi par de nombreux chefs d’œuvre parisiens tels les Invalides, la Place Vendôme et la Place des Victoires.

La fête est finie 

A la solennité du style Classique imposé sous Louis XIV succède le style Rocaille, véritable libération avec son abondance d’ornements, son extravagance et ses excès, qualifié par ses contemporains de « polisson ».  Mme de Pompadour, maitresse en titre de Louis XV et qui règne sur les arts, avait initié ce style nouveau, mais déclare en 1749 que « la fête est finie », et impose le retour au classicisme.

Un salon de l’Hôtel de Soubise

La révélation de Pompéi

La découverte d’Herculanum dès 1711, le dégagement de Pompéi en 1756, ravivent l’intérêt pour l’Antiquité Romaine, tout en fournissant un répertoire de formes nouveau aux architectures  néo-classiques. L’archéologie naissante donne lieu à des publications sur les civilisations égyptiennes, grecques et romaines ; Winckelmann, en chef de file des historiens d’art et archéologues, expose une théorie du Beau idéal.

Premières fouilles de Pompéi

Un message politique    

Avec l’empereur Napoléon 1°, à partir de 1804, l’architecture néo-classique devient un outil essentiel de communication politique, suivant l’exemple des romains de l’antiquité. Les colonnes commémoratives des victoires militaires émergent sur le territoire national, la plus célèbre étant celle de la Place Vendôme, imités de la colonne Trajane de Rome. Les arcs sont élevés à la gloire du pouvoir impérial; le Carrousel des Tuileries précède le monumental arc de Triomphe de la Place de l’Etoile. Le caractère décidé et austère du style véhicule un message d’autorité et de stabilité politique.

l’arc de Triomphe, Place de l’Etoile.

  Le vocabulaire néo-classique : simplicité et unicité             

 L’esthétique de l’architecture néoclassique est minimale, dépouillée, le décor réduit. Les formes géométriques (cube, cercle, triangle, pyramide) et les lignes droites (colonnes) sont utilisées. Les surfaces sont nues. Les proportions sont basses, le bâtiment doit se présenter comme une masse compacte. L’édifice doit sa beauté à ses proportions, et non à son décor. Les matériaux modernes y font leur apparition ; les charpentes sont métalliques, mais dissimulées par la pierre.

Dessin d'archicture sphérique futuriste
Architecture utopique par Boullée.

Des édifices utilitaires 

L’évolution de la société au cours du 19ème siècle nécessite de nouveaux besoins, et de nombreux édifices à vocation utilitaire de style  néo-classique voit le jour, dans les domaines de l’éducation, du commerce, de la santé, de l’industrie…La Bourse du commerce (1808) est édifiée par Brongniart sur le modèle du Panthéon.  Le marché Saint Germain (reconstruit à l’identique après avoir été détruit) avec sa couverture en tuiles romaines s’inspire des basiliques romaines. La Comédie Française et l’Odéon sont entourés de péristyles.   La manufacture des monnaies érigée le long de la Seine accueille le visiteur par une voute à caisson.

Façade de l'Hôtel de la Monnaie, avec la Seine au premier plan, Paris 6ème
Hotel de la Monnaie

Un style universel

L’architecture néo-classique se veut être un courant qui embrasse toutes les formes d’art. Il incarne un idéal commun à tous, au-delà des passions nationales et irradie la Russie, les États-Unis d’Amérique, l’Amérique du sud.  Jamais auparavant l’architecture européenne n’avait présenté autant d’unité.

Façade de la Maison Blanche à Washington
Maison Blanche

Le néo-classicisme à Paris

Anges-Jacques Gabriel est le pionner du néo classicisme ; architecte de Louis XV, il est l’auteur de la Place de la Concorde et des bâtiments qui la délimitent, dont l’actuel Hôtel de la Marine; la capitale lui doit également l’École Militaire. Ledoux suscitera la colère des parisiens en répondant à la commande de plus de cinquante pavillons d’octrois destinés à percevoir les taxes sur les marchandises aux entrées de Paris ; peu ont survécu, parmi lesquelles la rotonde du Parc Monceau. Soufflot est l’auteur de l’un des monuments phare de la rive gauche, le Panthéon, dont l’affectation changera au grès des régimes en place.

Les derniers feux du néo-classicisme s’éteignent après 1820, supplanté par le Romantisme, puis l’éclectisme et l’historicisme.